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Code E.C.C.O - Code de déontologie du conservateur-restaurateur
Extraits du code E.C.C.O. : La Profession de conservateur-restaurateur - code d’éthique et formation
Le code E.C.C.O fut adopté en assemblée générale en 2002 ; une première version avait toutefois déjà été rédigée et adoptée en 1993. Il ne s'agit pas non plus de l'unique code de déontologie en Conservation-Restauration des biens culturels. Ce code E.C.C.O. énonce les grands principes de la profession ; les conservateur-restaurateurs ont le devoir de s'y tenir. L'étude de celui-ci et de ces grands principes font partie des premiers enseignements en Licence de Préservation des Biens Culturels (Paris 1 Panthéon-Sorbonne), tout comme dans les autres formations équivalentes (INP, école d'Avignon, école de Tours).
J'ai rassemblé ci-dessous quelques extraits de ce code éthique et surligné en rouge ces principes de base qui régissent notre profession.
Vous pouvez télécharger la version complète de ce document ici.
Elle est disponible aussi sur le site internet d'E.C.C.O. dans sa version anglaise d'origine.
© 2010 Julie-Potosniak – Tous droits réservés
« REGLES PROFESSIONELLE de l'E.C.C.O. (I) - LA PROFESSION
Préambule
Les objets auxquels une société attribue une valeur artistique, historique, documentaire, esthétique, scientifique ou religieuse particulière sont appelés communément " biens culturels"; ils constituent un patrimoine matériel et culturel pour les générations à venir. Puisque ceux-ci ont été confiés aux soins du Conservateur-Restaurateur par notre société, ce dernier a une responsabilité particulière envers le bien culturel mais aussi envers son propriétaire ou son responsable juridique, son auteur ou son créateur, le public et la postérité.
[…]I. Rôle du Conservateur-Restaurateur
[…]
Le rôle fondamental du Conservateur-Restaurateur est de préserver les biens culturels au bénéfice des générations présentes et futures. Le Conservateur-Restaurateur contribue à la compréhension des biens culturels dans le respect de leur signification esthétique et historique et de leur intégrité physique.
Le Conservateur-Restaurateur a pour mission l'examen diagnostique, les traitements de conservation et de restauration du bien culturel et la documentation de ces interventions.- L'examen diagnostique consiste à déterminer les matériaux constitutifs et l'état de conservation du bien culturel, à identifier ses altérations, leur nature et leur étendue, à évaluer les causes des dégradations, à déterminer le type et l'étendue de l'intervention nécessaire a sa préservation. […]
- La conservation préventive consiste à agir indirectement sur le bien culturel, afin d'en retarder la détérioration ou d'en prévenir les risques d'altération en créant les conditions optimales de préservation compatibles avec son usage social. [...]
- La conservation curative consiste principalement à intervenir directement sur le bien culturel dans le but d'en retarder l'altération.
- La restauration consiste à intervenir directement sur des biens culturels endommagés ou détériorés dans le but d'en faciliter la lecture tout en respectant autant que possible leur intégrité esthétique, historique et physique.
- La documentation se compose d'un enregistrement précis d'images et d'écrits de toutes les actions entreprises et des raisonnements les fondant. Un exemplaire du rapport doit être remis au propriétaire du patrimoine culturel ou à son représentant, et doit rester accessible. […]
[…]
II. Éducation et Formation
Pour maintenir le niveau de qualité de la profession, la formation et l'éducation professionnelle du Conservateur-Restaurateur doivent être de niveau universitaire ou équivalent. […]
La Conservation-Restauration est un domaine complexe et en développement rapide. Par conséquent, le Conservateur-Restaurateur qualifié a la responsabilité professionnelle de se tenir au courant des récentes découvertes, et de s'assurer qu'il ou elle exerce sa profession en conformité avec les réflexions éthiques courantes.
III. Différence avec les professions apparentées
Alors que l'artiste ou l'artisan ont pour objectif de créer de nouveaux objets ou d'entretenir et de réparer les objets pour leur utilisation fonctionnelle, le Conservateur-Restaurateur a pour objectif la préservation des biens culturels.
Le conservateur restaurateur se distingue d'autres professionnels par sa formation spécifique en conservation-restauration.
REGLES PROFESSIONELLE d'E.C.C.O. (II) - LE CODE ETHIQUE
I. Principes généraux d'application du code
[…]
Article 3 : Le Conservateur-Restaurateur intervient directement sur les biens culturels, il en est donc personnellement responsable vis-à-vis du propriétaire et de la société. Le Conservateur-Restaurateur est en droit d'exercer en toute liberté et indépendance.[…]
Article 4 : Tout manquement aux principes, obligations et interdictions du code constitue une faute professionnelle et porte atteinte à la réputation de la profession
II. Obligations envers les biens culturels
Article 5 : Le Conservateur-Restaurateur doit respecter la signification esthétique et historique et l'intégrité physique des biens culturels qui lui sont confiés
Article 6 : Lors de ses interventions, le Conservateur-Restaurateur doit prendre en compte les exigences d'utilisation sociale des biens culturels en collaboration avec d'autres partenaires de la conservation-restauration.
Article 7 : Lors de ses interventions, Conservateur-Restaurateur doit appliquer les normes les plus élevées en dépit de toute opinion personnelle, notamment sur la valeur marchande du bien. […]
Article 8 : Le Conservateur-Restaurateur doit prendre en compte tous les aspects de la conservation préventive avant d'intervenir directement sur les biens culturels. Il doit limiter son intervention au strict nécessaire
Article 9 : Le Conservateur-Restaurateur doit chercher à n'utiliser que des produits, matériaux et procédés qui, correspondant au niveau actuel des connaissances, ne nuiront pas aux biens culturels ni à l'environnement et aux personnes. L'intervention et les matériaux utilisés ne doivent pas compromettre, dans la mesure du possible, les examens, traitements et analyses futures. Ils doivent également être compatibles avec les matériaux constitutifs du bien culturel et être, si possible, facilement réversibles
Article 10 : Le traitement d'un bien culturel doit être documenté par un dossier comprenant écrits et images relatifs à l'examen diagnostique, à toute intervention de conservation et/ou de restauration et à toutes autres informations pertinentes. […]
[…]
Article 12 : Le Conservateur-Restaurateur doit chercher à enrichir ses connaissances et compétences dans le but d'améliorer la qualité de ses prestations
[…]
Article 15 : Le Conservateur-Restaurateur doit respecter l'intégrité du bien culturel. Des arguments valables du point de vue de la conservation, d'un point de vue historique ou esthétique peuvent cependant justifier la suppression d'éléments lors de l'intervention. Dans la mesure du possible, les matériaux enlevés doivent être conservés. La procédure devra être entièrement documentée
[…]
III. Obligations envers le propriétaire ou le responsable juridique
Article 17 : Le Conservateur-Restaurateur doit informer avec précision le propriétaire de l'étendue des interventions requises, et spécifier les meilleures conditions de conservation du bien culturel.
[…]
IV. Obligations envers les confrères et l'ensemble de la profession
Article 20 : Le Conservateur-Restaurateur doit maintenir un esprit de respect pour l'intégrité et la dignité de ses confrères et de l'ensemble de la profession
[…]
Article 23 : Le Conservateur-Restaurateur doit contribuer au développement de la profession en partageant son expérience et ses informations
Article 24 : Le Conservateur-Restaurateur s'efforce de promouvoir une meilleure connaissance de la profession et doit sensibiliser les autres professionnels et le public à la conservation-restauration des biens culturels
[…]
Article 26 : L'implication dans le commerce des biens culturels n'est pas compatible avec l'activité du Conservateur-Restaurateur.
[…]
REGLES PROFESSIONELLE d'E.C.C.O. (III) - LA FORMATION
CONDITIONS REQUISES POUR L'ENSEIGNEMENT DE LA CONSERVATION-RESTAURATION
I. Objectifs de l'enseignement
L'enseignement s'appuie sur les normes éthiques les plus élevées de la profession qui ont pour objectif de respecter le caractère original du bien culturel et sa signification artistique, historique, scientifique, spirituelle, ou religieuse.
A l'issue de leur formation, les diplômés doivent être capables dans leur travail d'avoir le sens des responsabilités dans le domaine de la conservation-restauration des biens culturels, notamment pour les interventions techniques, scientifiques et artistiques les plus spécialisées. Ils doivent être également capables de collaborer avec toutes les professions impliquées dans la préservation des biens culturels
Les diplômés doivent aussi être capables de mener une recherche indépendante dans le domaine de la conservation-restauration et de l'histoire des techniques.
[…]
II. Mode de formation
Le niveau minimum pour l'accès à la profession de conservateur restaurateur qualifié devrait se situer au niveau du mastère (ou reconnu équivalent). Ceci devrait être réalisé par une période d'étude à plein temps dans la conservation-restauration d'au moins 5 années dans une université (ou à un niveau identifié équivalent) et devrait inclure des stages pratiques bien-structurés. Il devrait être suivi de la possibilité d'étude au niveau de doctorat.
[…]
III. Formation pratique
La formation pratique doit comporter le traitement d'objets originaux jugés particulièrement appropriés aux démonstrations didactiques. Les objets choisis doivent fournir le matériau pour un dossier d'étude bien documenté comprenant un examen technique, un diagnostic et le traitement qui en découle
Dès le début de leur formation, de tels dossiers d'étude font comprendre de façon tangible aux étudiants le problème unique que pose chaque objet. Par ailleurs les dossiers d'étude permettent d'intégrer au mieux tous les aspects théoriques, méthodologiques et éthiques de la conservation-restauration dans la formation pratique
L'étude et la pratique des techniques artistiques anciennes et des procédés de fabrication des matériaux artistiques sont encouragés pour qu'ils aident à une plus grande compréhension des aspects physiques, historiques et artistiques des biens culturels
IV. Instruction théorique
L'équilibre entre sciences exactes et sciences humaines est indispensable à l'instruction théorique
Les sujets théoriques doivent être choisis en fonction de leur appartenance au domaine de la conservation-restauration et peuvent comprendre :
- les principes éthiques fondamentaux de la conservation-restauration
- les sciences (ex : chimie, physique, biologie, minéralogie, théorie des couleurs)
- les sciences humaines (ex : histoire, paléographie, histoire de l'art, archéologie, ethnologie, philosophie, esthétique)
- l'histoire des matériaux et des techniques artistiques en y incluant la technologie et les procédés de fabrication
- l'introduction aux causes des détériorations
- l'exposition et le transport des biens culturels
- la théorie, les méthodes et les techniques de conservation préventive et de conservation curative
- l'introduction aux procédés liés aux reproductions des objets d'art
- les méthodes de documentation
- Les méthodes de recherche scientifique
- Histoire de la conservation-restauration
- Problèmes de droit (par exemple statuts professionnels, loi sur le Patrimoine culturel,, assurance, affaires et d'impôts)
- Gestion (collections, personnel et ressources)
- Hygiène et sécurité (problématiques environnementales y compris)
- Compétences en communication (technologie de l'information y compris) »
Tags : déontologie, conservation restauration, licence, formation
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